Une création de Laetitia Belala, architecte-plasticienne en résidence d'artiste au CHU de Saint-Etienne, dans le cadre du programme Culture et Santé Rhône-Alpes.
Une oeuvre collective avec les patients et les soignants du pôle psychatrie et du service de médecine physique et de réadaptation. Chaque pièce de feutre (laine) a été réalisée par les participants aux ateliers lors de la résidence de juin 2014 à mai 2015.
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« (...) Il m'est arrivé de dire que les cartes se faisaient au lieu de dire ; cette tournure était erronée ; les cartes ont lieu, et ce lieu est propre, ce qui ne veut pas dire qu'il soit approprié à dire. »
Fernand Deligny.
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Textes de Laetitia Belala :
En tant qu'architecteplasticienne, mon attention s'est portée vers le regard que l'on pose sur les lieux de l'hôpital psychiatrique. Regard que j'interroge, ici, par un travail plastique qui en écho à la psychiatrie s'appuie sur la pluralité des points de vue et leur articulation.
LE REFUGE
Se réfugier un instant dans l'expérience d'une matière par le «toucher la laine», par le «sentir la bête» dont l'odeur est restée présente.
Chaque pièce de feutre, ici, est travaillée à partir d'un modèle de départ: plusieurs photos que j'ai faites de l'hôpital sous des angles différents. L'objectif n'étant pas d'en faire une copie exhaustive, mais au contraire de l'interpréter par une réalisation qui révèle un contenu émotif et une expression individuelle.
De manière à contraindre la composition, il est demandé à chacun-e de choisir deux à trois couleurs, teintes ou nuances. L'image choisie est ensuite interprétée par découpages et assemblages.
Frotter, feutrer, foulonner l'ensemble est l'étape qui fixe tout en trans formant l'image. La matière s'impose ici, par des gestes qui engagent d'autres contours moins contrôlés.
Je propose une lecture a posteriori des travaux des patients et des soignants s'appuyant sur trois visions possibles du lieu qu'est l'hôpital.
Après sélection, il en résulte trois angles possibles de perception:
- Une statique, photos interprétées différemment en fonction de l'émotivité.
- Une partiellement mobile, photos interprétées d'un même lieu sous différents angles.
- Une mobile, photos interprétées suivant le regard d'une personne se déplaçant.
Depuis ces tentatives d’interprétation dans le détail, mises à mal par la matière elle-même, depuis les transformations assumées de l’image
de départ, jusqu’à l’essai mimétique figuratif, on voit bien la variété, la richesse des réalisations.
De l’assemblage de toutes ces empreintes laissées, une ‘carte’ imagée de l’hôpital psychiatrique est proposée.
Une ‘carte’ particulière relatant de multiples regards d’un même lieu...
Une «carte paysage», un «paysage intérieur», un «paysage entrailles».
Partie du plan technique de l’hôpital psychiatrique, je l’ai déformé, guidée par les histoires d’îles abandonnées lues durant les séances d’atelier.
Une individualité s’exprime, interprète,
un «agir» ou «faire» ensemble dans un même temps donné,
une mise en commun.
Ce travail fait référence à l’idée d’assouplir son regard, de se proposer d’autres points de vue. C’est une sorte de recherche, de tentative d’exploration des différentes interprétations possibles des lieux. Ce travail révèle les différentes réactions des patients et soignants qui vivent dans ces lieux. Cette expérience s’est enrichie de l’approche de Fernand Deligny et de Suzy Platiel.
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Conception graphique:
Coordination de projet:
Mourad Haraigue -chargé de projets Culture et santé au pôle de psychiatrie,
Isabelle Zedda - chargée de communication et culture au CHU de Saint-Etienne.